#Madein bon sens

Dans notre monde où tout devient prétexte à marketing, il y a des choses qui me dépassent.
Il y a peu de temps, suite à un article à propos de Calepino sur un magazine en ligne, j’ai reçu un tweet incroyable :  Des petits fûtés me proposent leurs services pour obtenir l’autorisation d’utiliser le terme “Made in Nantes”. Appellation qu’ils ont eu la bonne idée de déposer.
Ma réaction a été épidermique. D’abord parce que ce genre de privatisation de la langue me paraît totalement abusive et ensuite parce que si les carnets Calepino sont fabriqués en France et même très localement, c’est aussi et surtout une question de… bon sens près de chez vous : c’est là que j’habite.

 

La fabrication directe et locale me permet de contrôler finement tous les critères que j’attends : des cartons bruts et des papiers recyclables de qualité supérieure ; une impression et un façonnage issus de savoir-faire exigeants et de proximité.
Rien à voir donc avec les formidables idées de ces opportunistes du marketing linguistique.

 

Alors certes vous avez peut-être remarqué que certains produits distribués par Calepino sont parfois #madeinailleurs.  En particulier, certains « extras ». Là encore, c’est juste une question de logique. Il n’existe tout simplement plus de filière de fabrication de ces produits en France.  Faire appel à d’autres fournisseurs devient hélas une nécessité mais qui peut, malgré tout, se marier avec ma recherche qualitative de produits aux lignes classiques.
Les taille-crayons, stylo-plume ou la fameuse gomme avec balayette en crin de cheval – qui défend d’après moi une certaine idée de ce que peut être l’élégance de la correction, rentrent parfaitement dans cette catégorie.

 

A titre de réciprocité, un célèbre catalogue allemand (pour l’instant c’est un secret) spécialisé dans l’indémodable et les design atemporels vient de sélectionner Calepino pour faire partie de ses produits proposés en Allemagne, Autriche et Suisse.

 

Nos chers petits fûtés du marketing iront-ils jusqu’à déposer la version allemande “Hergestellt in Nantes“ ?

 

 

Carnets Éléor pour Dominique A

La vie n’est pas finie,
la vie n’est pas passée.

C’est ce que Dominique A a choisi d’inscrire à l’intérieur des carnets que nous venons de réaliser pour lui dans le cadre de la sortie de son nouvel album « Éléor ».
Cet incipit se retrouve dans deux carnets différents. Un poche et un grand A5 que vous pourrez vous procurer lors de ses concerts. De quoi semer d’encre quelques histoires d’amour perdues ou retrouvées dans l’atmosphère poétique du chanteur.
Quant à moi, c’est le 21 mai que je fredonnerai « Peut-être un autre jour, peut-être une autre année » lors de son passage à Nantes.

Merci à Sandrine et Dominique pour leur confiance.

 

 

Vous plaisantez Monsieur Richard ?

 

On est déjà jeudi et je ne sais pas si je vais pouvoir vous écrire beaucoup cette semaine.
Parce qu’ici la bataille a commencé dès lundi… et qu’elle fait encore rage ! (j’entends en ce moment même que quelqu’un en bas, dans l’atelier, s’active énergiquement sur les « chemins de câbles ».)
Cela a commencé comme dans un roman de Jean-Paul Dubois où le narrateur se bat (désespérément) avec tous les corps de métier pour faire avancer les travaux de sa maison.

 

Dès lundi déjà, j’ai eu l’impression de faire le casque bleu entre EDF et ERDF et de me prendre quelques dommages collatéraux (outre acquérir une connaissance sans faille des musiques d’attente de ces deux entreprises si merveilleusement complémentaires).
Puis il y a eu l’apparition de l’électricien qui doit tout changer. Et de fait, son travail est chez moi très changeant.
Il change les câbles, augmente la puissance, met du triphasé, renouvelle et met aux normes le disjoncteur, installe les fameux « chemins de câbles » dans l’atelier. Tout ça c’est pour et suivant les bécanes d’impression typographique. Car oui, ici c’est encore une maison mais dans quelques semaines ce sera aussi, selon toute vraisemblance, le nouvel atelier Calepino avec ses belles machines.

 

C’est aussi pour ça que le plombier­-chauffagiste passe aussi. Pour le chauffage. Car oui, dans cette maison, le rez­-de-­chaussée que nous transformons en atelier n’est pas chauffé… Ni isolé du reste. C’est aussi pour ça que le gars pour l’isolation va passer.
Mais ça, ce sera après le passage d’un copain archi. Je voudrais lui parler des portes de l’atelier aussi, histoire de mettre un bois blond avec un genre de bardage noir, un truc très inspiré par la maison du finlandais Alvaar Alto. Mais j’espère surtout qu’il va m’aider à y voir un peu plus clair. En particulier sur tous ces passages…

 

Je vous laisse : je vais chercher ma fille à la sortie de la Poste et porter des commandes de Calepino à l’école.
A moins que cela ne soit le contraire.

 

Du soleil dans le salon

 

Avant, quand Calepino était à Nantes, j’étais toujours un peu dans le mélange vie perso-vie professionnelle. C’était déjà un peu compliqué. Maintenant… ça va être bien pire. On me dit « Cela ne va plus jamais s’arrêter ». Peut-être, on verra bien. J’espère en tous cas avoir fait le bon choix. Enfin, une chose est sûre, pour Calepino (et donc pour moi) : c’est un sacré changement de vie. Adieu maison et locaux professionnels nantais, Vive le tout-en-un de la maison-atelier de Bouguenais !

 

Car tout est et sera maintenant au même endroit mais un peu plus loin de la « ville » qu’avant – en fait à une dizaine de minutes de Nantes. Une vaste maison des années 70 dans son jus, un endroit vert et lumineux, un bureau, un grand local de stockage mais surtout… l’atelier d’impression typographique ! Avec des machines et un vrai atelier, oui c’est ça, à l’ancienne ! C’est un sacré gros changement pour Calepino doublé d’une bouleversement d’environnement, de vie perso… et même de métier puisqu’il va falloir s’acclimater à ces vieilles bécanes qui vont débouler bientôt à quelques mètres du salon…

 

Pour l’instant je vous en dis à peine plus parce que c’est juste un gros et même un très gros bazar. Il y a un chantier permanent je vous raconte pas. En fait, en ce moment je suis surtout jongleur pour Calepino. J’assure le fonctionnement habituel des commandes, des devis, des créations et, en même temps, je détapisse, je peins, je fais des cartons, défais des cartons, gratte les murs, supervise les travaux d’électricité… Bref, c’est la joie de la vie d’atelier qui commence et malgré tout cela, dans notre nouveau salon chamboulé et détapissé, trône quelque chose qui me rappelle pourquoi je me suis lancé dans l’aventure. C’est une chouette sérigraphie signée Adèle et Max de l’Atelier Bingo (rencontrés l’année dernière via Antonin+Margaux –> Merci !).

 

Eux aussi, ils se sont aussi lancés dans la grande aventure du changement de vie. Leur atelier, dans une ancienne usine textile du Choletais, réhabilitée à Saint-Laurent-sur-Sèvre, m’a laissé un souvenir plein de soleil et de ciel bleu. D’ailleurs c’est la maturité de leurs créations comme leur travail des couleurs qui m’ont tout de suite séduit. « J’veux du soleil » semblent chanter leurs créas. Et cela m’a tout de suite paru coller avec ma propre vie.

 

Alors j’ai dit bingo. Ces deux là, avec leur soleil dans leurs couleurs, ils sont parfaits pour venir enrichir les Éditions Éphémères de Calepino. Alors je sais bien qu’à chaque fois c’est un petit challenge pour moi de vous présenter chacune des quatre éditions éphémères dans l’année. Pas pour ceux qui sont abonnés pour un an et qui bénéficient déjà d’un tarif spécial sur leur exemplaire parmi les 150 qui sont tirés à chaque fois. Non, ceux là, ils sont déjà convaincus que la carte blanche donnée aux artistes va leur plaire. Perso, j’ai été conquis par la proposition graphique d’Adèle et Max et ça m’a donné envie d’aller à fond, jusqu’à décliner 9 carnets qui composeront entre autres cette nouvelle Édition Éphémère, déjà en réservation et expédiée courant mai.

 

Et puis je crois que, moi aussi, en ce moment, au milieu des poussières, des travaux et des gravats, j’aurais parfois envie de vous envoyer des « Bons Baisers de Martinique ».

 

Alors je me réfugie dans le salon.

 

 

Sérigraphie « Feu d’artifesse » par Atelier Bingo – dans le salon sur mur beigeasse et détapissé

 

 

Reprise des cours d’Optimist

Rien n’est jamais gagné. On a beau se le dire et se le répéter, on le redécouvre mois après mois, semaine après semaine. Parfois, dans les gros creux de commandes bien angoissants, tu as vraiment envie de baisser les bras. Et puis, après le stress, vient toujours (jusqu’à présent en tous cas) la bonne surprise qui relance la machine. Mais pour combien de temps ?

Il y a quatre ans, on m’a dit que j’étais « culotté », voire, « complètement malade » de me lancer dans le projet Calepino. « Même pas mal » j’ai envie de dire quatre ans après. Même si tout n’est pas vraiment rose, on m’a souvent dit que j’étais né sous une bonne étoile. Peut-être (je croise les doigts en regardant le ciel).

Une autre explication me va bien : le projet Calepino me ressemble. Je me dis que si cela a fonctionné au moins quatre ans (je regarde à nouveau le ciel en croisant les doigts) c’est peut-être bien que je n’ai jamais triché. D’ailleurs, je pense même que si quelqu’un d’autre avait « fait » Calepino, j’aurais acheté ses carnets ! Véronique S. ne dit-elle pas “Celui qui n’essaie pas ne se trompe qu’une seule fois”.

Alors je n’ai pas mégoté ! J’y ai mis toutes mes billes. J’étais obligé. Pour le premier tirage, je lançais carrément l’impression de 20 000 exemplaires, pour que vous n’ayez pas besoin de casser votre tire-lire en achetant des carnets.

Et puis j’ai pensé aux copains. Parce que c’était des bons copains et surtout parce qu’ils ont beaucoup de talent. Moon et Souenellen, l’un est illustrateur et graphiste, l’autre est photographe. Et, si tous deux connaissent et supportent mon intransigeance, tous deux sont également à l’origine des photos Calepino. L’esthétique visuelle du site leur doit beaucoup. Et malgré les creux et les vagues des commandes, je continue évidemment de travailler avec eux. Vous en aurez un nouvel aperçu bientôt avec notre nouvelle collaboration autour de la prochaine Édition Éphémère (préparez vos tongs et paréo!).

En parlant de tout cela, autant que je vous le dise avant que vous ne le découvriez lors d’un concert de Dominique A. Je suis ravi d’avoir décliné pour lui deux carnets : un grand et un petit dans l’idée d’un « carnet de voyage ». Un thème qui colle parfaitement avec le titre de son nouvel album nommé « Eleor » ­- une île danoise : anecdote qui me parle bien. Très simple, une carte de navigation travaillée au trait noir s’y dessine sur un fond kraft. A retrouver en vente sur les lieux mêmes des concerts de l’artiste et bientôt sur le blog.

Voyez : encore une vague de joie après un creux. Je vais finir par reprendre des cours d’Optimist.

Et le plus surprenant, c’est peut-être que, malgré tout cela, depuis quatre ans, je dorme bien.

Vous savez : les bras derrière la tête.

Moon & Souenellen au premier plan.
(Promo potes) Pour vos photos/vidéos, contactez-les de ma part : www.acrazylittlething.com

 

« Et vous, comment allez-­vous communiquer sur cette collaboration ? »

 

Souvent, dans le milieu de la mode, il y a un aspect « collaborations à tout va ». On dirait que, pour exister, les marques se sentent obligées de multiplier des collaborations et que ces dernières sont jetables. Et la question qui tue, avant même que la conception soit lancée, c’est « Et vous ? Comment allez-­vous communiquer sur cette collaboration ? ».
Je ne comprends pas. Si on ne sait pas ce qu’on va créer… Comment communiquer ? Pour moi, la collaboration n’a qu’un seul but : réaliser ensemble. Et même si cela prend éventuellement du temps. La preuve avec « Portfolio » co-réalisé avec Bleu de Chauffe.

J’avais contacté Bleu de Chauffe pour présenter la marque sur le blog Calepino. Oui parce que je crois que je vous l’ai déjà dit : j’apprécie les réalisations françaises de bonne qualité… et qui savent rester simples. Et c’est vrai : Bleu de Chauffe, avec ses sacs de métiers en cuir en particulier, m’avait drôlement impressionné.

C’est comme ça que j’ai rencontré Alexandre. Il est venu à Nantes depuis l’Aveyron. C’était en 2013, quelque chose comme ça. On a déjeuné ensemble et on a parlé… De vie professionnelle bien sûr mais aussi de vie perso. Et le projet du Portfolio est né. Ça s’est fait vraiment comme ça. Ou à peu près. En fait, cela faisait déjà quelques mois que je tournais autour de l’idée. Je voulais, pour Calepino, un carnet plus haut de gamme qui aurait été abrité dans une couverture cuir rechargeable facilement et puis avec des élastiques à l’intérieur, pour le tenir. J’avais l’idée… mais pas le cuir, ni même la connaissance technique. J’étais bien allé à Cholet, près de Nantes. J’avais rencontré un peaussier, un façonnier. Mais j’étais rentré à Nantes un peu las et dépassé par un discours technique que je ne maîtrisais pas vraiment. Or Alexandre possède avec Bleu de Chauffe expérience, atelier, technicité… En le rencontrant et en sympathisant avec lui, je pensais alors que le projet était quasi bouclé : en fait, il nous a fallu deux ans pour lui faire voir le jour ! La simplicité a souvent une arrière-­cuisine où la patience est la meilleure des alliées.

C’est le système des élastiques qui nous a freiné longtemps. Au départ je les voyais horizontaux, comme sur les Calepino. Mais les prototypes n’étaient vraiment pas satisfaisants. Avec Alexandre, on en parlait toutes les semaines au téléphone. Et un jour, un peu par hasard, je vois dans ma bibliothèque dépasser des chemises cartonnées à rabat à élastique. Et là, j’ai compris : c’est en partant d’un modèle de « chemise à la française » que l’on peut dénouer le problème…et aussi avec des élastiques ronds et non plats !
Ensuite, tout s’est débloqué.

Depuis début 2015, Bleu de Chauffe comme Calepino – à égalité partenaires dans ce projet si agréable – sont heureux de voir (enfin) sortir ce « Portfolio » et de constater que vous êtes nombreux à l’apprécier. En fait, pour tout dire, on est plus ou moins en situation de rupture de stock après quelques semaines du lancement. Alors on se téléphone avec Alexandre et on se dit parfois que même sans plan marketing, peut être même surtout sans plan marketing, il y a des collaborations de qualité qui rencontrent leur public.
Il faut juste prendre le temps de bien faire les choses.

 

 Photos & Vidéo : A Crazy Little Thing

Au fait ton blog il existe toujours ?

Il faisait beau même si un peu frisquet. On sortait de la Guinguette à Trentemoult, vous savez cet ancien village de pécheurs aux maisons basses et de couleurs près de Nantes, sur les bords de Loire. Le déjeuner avait été bavard. Et c’est là que Boris (Stéréosuper) ou peut-être Patrice (ex-La Fraise et Archiduchesse) me l’a dit : « Au fait ton blog il existe toujours ? ».

C’est là que je m’en suis rendu compte. Mon projet Calepino, il a grandi avec vous par et dans le web. Mais aujourd’hui, force est de constater que le web et surtout les réseaux sociaux sont un peu des « dévidoirs» à buzz. Même si j’y suis un peu, même si vous y êtes un peu. Même si on y est tous un peu. On y est peut être un peu tous perdus en fait.

Alors je leur ai dit à Boris et à Patrice. Moi aussi j’aime mes « amis » facebook. Mais c’est vrai que la « communication-prétexte » (vous avez dû vous en rendre compte aussi), ce n’est tout simplement pas mon truc.

Et puis je leur ai dit autre chose. Que j’aimerais bien vous dire aussi : Calepino défend le droit à la lenteur. Parce qu’avec la lenteur, il y a souvent de l’attention aux choses, aux gens. Et c’est de ça dont il est question au fond. A mon échelle et à travers mes modestes projets, tel Calepino.

Alors parce que la clope d’après repas avec Boris et Patrice peut parfois s’éterniser et que cela a tout simplement fait son chemin, tranquillement, voici mon envie.

Vous dire ce qui se passe chez Calepino, dans la boutique, comme l’arrière boutique, ce qui est prévu aussi. Vous associer quoi. Parce que si Calepino existe c’est surtout grâce à vous. Vous, qui, comme moi, croyez à la lenteur, à l’attention portée aux choses et aux gens.

Alors, je me suis dit : quoi de mieux que de faire comme au bon vieux temps.

Pas de marketing toxique, pas de story-telling fake et continuel, pas de flux de chiffres pour du chiffre.

Faire dans le simple, tenir un blog, comme un carnet, un vrai, même si c’est (déjà) pas/plus dans l’air du temps.

Et puis, vous raconter Calepino.